De Kuala Lumpur à la Vendée

Bon ben voilà, ce n’est pas sans émotion que le 12 mars nous laissons notre cher Harry à Port Klang. Daryl, notre transitaire s’occupe de toute la paperasserie, Miguel a juste à le monter sur le flat rack, tout débrancher à l’intérieur et verrouiller toutes les ouvertures. Rien qu’à faire ça il ressort en nage! Il fait 40° , Harry est en plein soleil, nous souffrons pour les employés qui se chargent d’attacher les sangles sur 14 points (7 de chaque côté), ils mettent plus d’une heure mais nous disent qu’ils ont l’habitude et qu’il ne fait pas si chaud que ça!! En tout cas ils font du bon boulot et nous voilà bien rassurés, Harry ne devrait pas s’envoler quand il sera en pleine mer, chargé tout en haut d’une pile de containers! Et oui comme il est sur un “container ouvert” rien ne peut s’empiler au-dessus! Espérons donc que tout se passe bien… Après une escale à Singapour, le bateau qui transporte Harry filera direct vers le Havre où il devrait arriver vers le 12 avril… si tout va bien! On croise les doigts! On croise les doigts aussi pour qu’aucune âme malveillante ne vienne cambrioler notre maison roulante. On ne peut s’empêcher de penser à nos amis, les 3 familles françaises dont les camions avaient été dévalisés sur le bateau Corée/ Cambodge au mois d’octobre dernier…

Le plus dur de notre côté a donc été de choisir ce qu’on allait mettre dans nos bagages! De quoi allons-nous avoir besoin pendant un mois, quelles sont les affaires auxquelles on tient trop pour prendre le risque de se les faire voler, quelles sont celles qu’on aime beaucoup mais qu’on laisse quand même dans Harry en les cachant car on n’a plus de place dans nos sacs…

Allez, on saute dans un taxi, direction Kuala Lumpur. Nous avons loué un appartement de 40m² pour les 5 derniers jours avant de prendre l’avion. Quelle joie de retrouver de la fraicheur! Car bien sûr la clim fonctionne ici jour et nuit… Une chambre pour les parents et un coin lits superposés pour les enfants, une grande douche où l’on peut se laver sans se cogner les coudes contre les parois, une machine à laver, du wifi, Netflix… le Bonheur quoi!!

Ajoutez à cela des installations auxquelles nous avons accès gratuitement. En effet nous sommes logés dans ce qu’on appelle ici un condominium ou condo pour les intimes. Il s’agit d’un immeuble en copropriété avec bon nombre d’installations communes. Notre immeuble est composé de deux tours, la nôtre compte 46 étages et nous sommes logés au 21ème (bonjour le vertige quand tu regardes par la fenêtre!). Ah oui chose bizarre, dans l’ascenseur on a remarqué sur les boutons qu’il n’y avait jamais l’unité 4… L’étage 14 est remplacé par le 13A, de même avec l’étage 23A, 33A etc. Après recherches sur internet on a appris qu’en Asie et plus particulièrement en Chine, les gens souffrent de tétraphobie! Et oui, ça existe et c’est la peur du chiffre 4!! Car la prononciation du mot “quatre” en chinois est proche de celle du mot “mort”!

Bref, dans notre tour, au 6ème il y a des aires de jeux pour enfants, quelques appareils de sport en extérieur, une piscine olympique…

Et la deuxième tour, elle, abrite au 7ème une salle de sport et au sommet (42ème étage) un jacuzzi sur le toit avec espace relaxant… sur une vue de ouf !! On voit les fameuses tours Petronas.

Alors vous imaginez bien qu’avec tout ça, mon équipe déjà pas très motivée pour faire des visites en ville, ne veut plus bouger d’ici!!

J’arrive quand même à les décider pour aller voir un sanctuaire de chaque religion. C’est quand même une particularité du pays à laquelle on ne peut pas échapper, ce mélange culturel et religieux ! Bon, pour l’église c’est facile il y en a une juste en bas de nos tours!

Pour les mosquées il y en a un peu partout mais je choisis de rejoindre à pied la plus ancienne de la ville : Masjid Jamek construite en 1909. Avant d’y entrer, COVID-19 oblige, on nous prend la température et on doit se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique. Pour les femmes nous devons enfiler une abaya et les hommes qui sont en short doivent recouvrir leurs jambes d’une jupe… Charmant ! Le ciel est couvert, ça rend les photos un peu tristes je trouve. En tout cas ça fait bizarre de trouver cette mosquée si ancienne au milieu de ces buildings récents.

Juste derrière la mosquée se trouve la place de l’Indépendance avec un très beau bâtiment de style mauresque. L’Edifice Sultan Abdul Samad abritait autrefois le Palais de justice.

En le longeant on arrive sur l’arrière de la mosquée que nous venons de visiter et qui se situe au point de confluence du fleuve Kelang et de la rivière Gombak. Le mot “Kuala” en malais signifie confluent. Et Kuala Lumpur signifie donc “confluent vaseux” ! Ça sonne moins bien!

Le lendemain nous nous rendons en taxi, enfin en “grab” (qui est l’équivalent de Uber ici en Asie) sur les hauteurs de la ville pour voir un temple chinois. C’est l’année du rat, ça se voit !

Nous posons à côté de nos signes astrologiques chinois:

Forcément en voyant ce joli temple coloré nous sommes ramenés plusieurs mois en arrière, lors de notre traversée de la Chine…

 

Notre dernière visite religieuse est celle des Batu caves situées à une dizaine de kilomètres au nord de Kuala Lumpur. Il s’agit d’un ensemble de grottes dont certaines ont été aménagées en temples. C’est le plus grand sanctuaire hindou en dehors de l’Inde. Il est entièrement dédié à Murungan dont la plus grande statue au monde (42.7 m) trône fièrement à l’entrée. Chaque année, plus d’1.5 million de personnes se rassemblent ici lors du pèlerinage de Thaipusam qui a lieu entre janvier et février.

Derrière cette statue, un escalier haut en couleur, de 270 marches mène à une immense grotte où l’on trouve plusieurs temples. Il vaut mieux ne rien avoir sur soi qui se mange car les macaques vous surveillent et sont à l’affût. Ils attrapent même les fleurs des offrandes ou celles que portent les hindoues dans leurs cheveux!

Il y a aussi des temples à l’extérieur, celui au pied de l’escalier est de toute beauté. Ces couleurs et ces odeurs d’encens, un délice! On se croirait vraiment en Inde!

Nous sautons volontairement la visite d’une grotte car nous avons lu beaucoup d’avis négatifs sur elle. C’est davantage un petit zoo puisqu’elle contient énormément de reptiles et d’oiseaux en cage dans un état déplorable. Nous allons donc directement à la grotte du Ramayana. En chemin nous levons les yeux vers une grande statue de Hanuman, noble singe qui aida Rama dans sa reconquête de Sita.

Dans la grotte de Ramayana on trouve tout un tas de statues mises en scène pour raconter l’histoire de Rama. Mais les histoires hindoues sont vraiment trop complexes pour que je vous les raconte!

Donc voilà les visites effectuées entre deux ploufs à la piscine! Et puis évidemment nous sommes allés voir les tours Pétronas, les tours jumelles les plus hautes du monde (452 mètres). Construites en 1998 elles abritent les bureaux du géant pétrolier Petronas mais aussi des magasins de luxe et des salles de divertissement sur 88 étages, avec 78 ascenseurs, pas franchement notre truc!!

Mais à leur pied nous avons rendez-vous avec Sabrina, David et leurs 2 enfants en voyage en Asie à durée indéterminée. Nous avions connu Sabrina en Argentine il y a 11 ans lors de notre premier grand voyage. Nous nous étions revus en France avant de partir il y 3 ans et demi et  voilà que nous nous retrouvons sur un troisième continent!

Et puis le temps de quitter la capitale arrive et la fin de notre aventure aussi. La veille de notre départ les copains voyageurs viennent nous dire au revoir !!

L’ambiance est vraiment particulière car ces derniers jours les informations par rapport au Coronavirus se sont multipliées et les choses s’accélèrent de partout. La question pour nous tous à l’étranger c’est : vaut il mieux rentrer en France ou bien rester là où nous sommes et arrêter de bouger? Sachant que les frontières se ferment toutes les unes après les autres… De notre côté notre vol d’avion était réservé depuis un moment déjà, mais jusqu’au bout on s’est demandé si on allait pouvoir rentrer. Car la veille de notre départ, la nouvelle est tombée comme quoi la Malaise allait entrer en confinement également avec comme en France écoles et commerces fermés. Les mesures prenant effet le lendemain de notre départ. On s’est dit que finalement on partait peut-être au bon moment…

Juste avant d’embarquer dans l’avion nous croisons rapidement nos amis voyageurs, Claude et Alain (Exploracy), qui eux ont un vol pour Genève.

Puis nous enchaînons : un vol de 7h30 + une escale de 5h à Dubaï + un vol de 7h40 jusqu’à Paris + 2 heures de recherches pour une voiture de location que nous finissons par obtenir à prix d’or + 6h d’autoroute jusqu’en Charente Maritime où nous récupérons la voiture que nous prêtent gentiment les Mollalpagas  et qui est chez leur nièce + redéposer la voiture de location + 2h de route pour ENFIN arriver en Vendée chez mes parents… le tout en gardant le plus de distance possible avec toutes les personnes croisées… Crevés, nous sommes crevés!! Mais Miguel notre chauffeur de toujours tient le coup!

Dans ce contexte si particulier, c’est donc un retour vraiment pas comme les autres… Après tant de temps sans nous voir nous n’avons même pas pu embrasser nos proches. Nous qui nous réjouissions de les revoir et qui avions programmé de revenir pour fêter tous ensemble les 70 ans de mon papa… Nous qui nous réjouissions de démarrer notre nouveau projet professionnel, tout est en stand by bien évidemment.

Mais comme vous, nous sommes tous plongés dans une situation inédite, alors nous allons prendre notre mal en patience et faire avec… comme tout le monde. Nous sommes privilégiés car nous entrons en confinement dans une maison de campagne avec un immense jardin et pour l’instant il fait vraiment beau. Et puis ne pas travailler, ne pas consommer, et faire l’école à la maison c’est déjà notre quotidien depuis 3 ans et demi donc finalement pas de grand changement de ce côté-là pour nous ! La différence c’est qu’ici il y a du fromage! Mes parents nous ont accueillis avec une délicieuse raclette!! Rester positif et optimiste c’est important!

@ bientôt pour encore un ou deux derniers articles…

Portez-vous bien et surtout RESTEZ CHEZ VOUS ! Si autant de pays prennent des mesures si radicales tout autour de la planète ce n’est pas pour rien, le risque est bien là et nous devons, sans paniquer, prendre conscience de la gravité de la situation, pour limiter les dégâts.